La période céramique
Information obtenue du journal de l'artiste
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En 1938-39, Jacques Béchard reçoit fréquemment des commandes du politicien Paul Gouin pour insuffler une touche artistique à sa résidence située dans le chic quartier de Westmount. Gouin invite le jeune artiste à décorer des vitraux avec des scènes peintes, à créer des œuvres de grande envergure (voir études sur cette page) - l'une représentant les douze mois, l'autre les moyens de transport, et à orner les salles de bain de fresques imaginatives mettant en scène des sirènes, Neptune, des coquillages, des poissons stylisés, ainsi qu’un plafond peint illustrant un cygne.
Au-delà de ces œuvres picturales, Gouin imagine des objets céramiques de maison qui deviendraient de véritables pièces de conversation, fantaisistes et uniques.
Le 13 avril 1939, Gouin commande une première série de pièces céramiques, chacune réinterprétée par Jacques Béchard avec créativité :
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Salière et poivrière – un homme et une femme, chacun tenant un seau pour contenir l’assaisonnement ;
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Bol à moutarde – conçu sous la forme d’un puits.
Toutes les pièces prennent vie chez Hutchison & Frère, un atelier de céramique situé sur la rue Mentana, à Montréal. Pendant cinq ans, cet atelier devient un véritable centre d’effervescence artistique. Jacques Béchard y façonne des prototypes en argile, qu’il peint ensuite pour les soumettre à l’approbation de Gouin. Une fois validés, les modèles sont produits par l’atelier sous la supervision directe de l’artiste.
Le 19 avril, satisfait du résultat, Gouin commande de nouvelles pièces :
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Beurrier – une vache devant une clôture ;
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Cloche à fromage (présentée ci-dessous) – six agneaux, une brebis, une fillette, une grange et une maison ornée de détails décoratifs.
Une semaine plus tard, la collection s’élargit :
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Compotier – un casseau de fraises ;
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Clochette – aucune description enregistrée.
Le 26 avril, Béchard travaille sur le beurrier, la cloche à fromage et le compotier à l’atelier Hutchison. Le lendemain, Gouin demande :
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Deux figurines en forme de bouteille – une pour le gin, l’autre pour le whisky (l’une est présentée ci-dessous) ;
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Deux vases à fleurs – l’un en forme d’accordéon, l’autre de violon.
Le 3 mai, les quatre pièces sont terminées. Gouin n’approuve que le violon, exprimant sa déception quant aux palettes de couleurs des autres pièces. Les versions modifiées sont approuvées le 4 mai et livrées à l’atelier Hutchison. Le travail réunit alors cinq collaborateurs : les frères Hutchison, M. Gérard (céramiste et professeur de dessin), une étudiante en deuxième année à l'École des Beaux-Arts, et Umberto Bruni, diplômé de la même école.
Le 6 mai, Jacques Béchard revient à l’atelier pour ajuster certains détails dans le travail des céramistes. D’autres commandes suivent :
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Plateau à biscuits – un radeau "cageux";
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Bol à mayonnaise – une chaloupe;
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Porte-allumettes – en forme de canots, chacun avec une figure masculine ou féminine assise à l’intérieur.
Le 6 juin, Gouin élargit à nouveau sa commande :
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Six anneaux à serviette – incluant des canards avec leurs petits, des poules avec leurs poussins, deux gros poissons, deux petits poissons, des papillons avec des pensées, et deux colombes avec des fleurs ;
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Porte-serviette – deux grenouilles tenant un roseau ;
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Cendrier sur pied – un chien debout tenant une assiette (voir le croquis ci-dessous du carnet de croquis Animaux) ;
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Quatre petits cendriers – en forme de nid d’oiseau, de sapin, de trèfle à quatre feuilles, et de deux mains.
La demande finale comprend quatre appuie-portes : un coq chantant, une poule, un lapin et un porcelet.
Peintre et illustrateur de formation, Jacques Béchard commencait par réaliser des dessins détaillés pour définir la forme et les proportions de chaque objet céramique. Il choisissait une argile de grès, en accord avec la tradition des céramiques à basse température pratiquée chez Hutchison, afin de créer les prototypes. À partir de ceux-ci, des moules en plâtre étaient conçus pour le coulage en barbotine. La cuisson, l’émaillage et les finitions étaient assurés par l’atelier, sous l’œil attentif de l'artiste. Son processus conciliait l’inventivité artistique avec les exigences techniques de la production céramique, garantissant des objets à la fois esthétiques et fonctionnels.
CROQUIS UTILISÉ POUR LE CENDRIER SUR PIED







